matali crasset s’est littéralement fait un nom. Transformé, le Nathalie commun de son enfance. Rabotées, les majuscules. Pour compléter le personnage, un look aussi reconnaissable qu’un logo : couleurs vives, lunettes carrés et coupe au bol. Si cette allure lui vaut le surnom de “Jeanne d’Arc du design”, matali crasset n’en doit pas moins son statut d’icône à son talent, reconnu dans le monde entier.

Née en 1965 dans un petit village de la Marne, en milieu rural, elle entame sans grande conviction des études de marketing. C’est en travaillant à la conception d’un flacon de parfum qu’elle se découvre une passion pour le design. Changement de direction : la jeune femme intègre l’École nationale supérieure de création industrielle de Paris.

Embauchée chez Philippe Starck dans les années 90, elle ouvre son propre studio au tournant du siècle et se fait connaître grâce à sa “colonne d’hospitalité”, un lit d’appoint pliable qui, enroulé, sert aussi de luminaire. Sa mission de designer est toute trouvée : créer des “scénarios de vie”, repenser les objets et les espaces du quotidien, travailler sur les “rituels domestiques” plus que sur les formes.

“Ce qui me motive, c’est l’idée de faire bouger les choses, d’avancer, de m’épanouir et de partager. Mon approche consiste à rechercher de nouvelles typologies qui répondent aux besoins de mobilité, de liberté et de permettre aux gens d’utiliser les objets et l’espace à leur manière.”

Scénographie, graphisme, architecture, aménagement urbain, mobilier… Les créations de matali crasset sont polymorphes, ludiques et colorées. Exposées dans les plus grands musées d’art contemporain, comme le Centre Pompidou ou le MoMA, elles se déploient aussi dans l’espace public, sous la forme de kiosques à journaux à Paris ou de montgolfières à Rennes.

Pour cette cérébrale adepte des pas de côté, le design se vit comme une “anthropologie appliquée”, une pratique créative à échelle humaine, guidée par le vivre ensemble. En juin prochain, lors d’un feu de camp, elle partagera son histoire, ses moments fondateurs, ses inspirations et ses valeurs avec le public de 360 Possibles. En toute simplicité.

(crédits photo : Julien Jouanjus)