Petite, elle rêvait de devenir journaliste. Étudiante en tourisme, elle se passionnait pour le patrimoine. C’est finalement dans la communication que Magali Perruchini a fait sa première carrière, avant de quitter son travail pour “raconter des histoires de vie”. Sur son blog “Les mains baladeuses”, elle invite à découvrir les ateliers d’artisans parisiens. De ces portraits, elle a tiré un livre, Nouveaux artisans, qui témoigne de l’engouement pour les valeurs des métiers du passé.

Parmi les artisans que vous avez rencontrés, beaucoup le sont devenus après une reconversion. C’est votre propre parcours qui vous a conduite à ces “néo artisans”?

C’est vrai qu’au début, je me suis dit: “Tiens, c’est étonnant, je ne rencontre que des reconvertis !” Avec du recul, je me suis aperçue qu’il y avait un vrai phénomène sociétal, en réponse à une forme de souffrance au travail, à un sentiment de vacuité. J’ai croisé beaucoup de personnes qui viennent de métiers bureaucratiques et qui ont ressenti le besoin de donner du sens à leur travail, d’en voir le fruit concret à la fin de la journée. Qui ont voulu reprendre leur vie en main, en fait, dans tous les sens du terme.

Votre démarche était d’abord rédactionnelle; vous aviez conscience de ce volet sociologique?

Je ne l’avais pas perçu en commençant, mais la “photo de groupe” que j’ai obtenue m’a fait réaliser que ces artisans, qui veulent changer leur monde plus que changer le monde, bousculent les codes. Ceux de l’artisanat, qu’ils dépoussièrent grâce à leurs compétences en communication, en storytelling, en digital, mais aussi ceux de la société, puisqu’ils remettent en cause le modèle social de réussite qu’on nous vend depuis l’école. D’ailleurs, l’image de l’artisanat est en train de changer.

C’est le “futur du travail”, d’après vous, pour reprendre l’intitulé de votre conférence?

Nos modèles sont à bout de souffle et on en revient à ce qu’est fondamentalement l’être humain: un être de contact, qui a besoin de relations et d’un impact positif, et un être créatif, qui fait fonctionner ses mains et son cerveau, sans qu’il y ait de dichotomie entre les deux. L’artisanat répond aux envies d’authenticité, d’éthique, d’autonomie d’une jeune génération qui est aussi de plus en plus attirée par l’entrepreneuriat. Donc ce mouvement va continuer!

Conférence “Les métiers du passé: le futur du travail?”, mercredi 28 novembre, 15h-16h