Pour des allumés du bocal, ils ne manquent pas de suite dans les idées. En 2016, les Brestois Benjamin et Éléonore Faucher ont créé la conserverie artisanale Babelicot pour valoriser les excédents des petits producteurs bio de leur territoire. “On ne s’est jamais dit ‘Tiens, on va créer un super produit marketing’, explique Éléonore. Notre envie, c’était de répondre aux besoins d’une filière, tout en luttant contre le gaspillage alimentaire”.

Ces deux ingénieurs agronomes connaissent bien la problématique des surplus de production. Un coup de chaleur et, hop, tous les légumes poussent en même temps: difficile de tous les écouler. Quant aux betteraves de 3 kilos et aux potimarrons riquiquis, ils sont trop éloignés des habitudes des consommateurs pour finir dans leur panier. “Ces excédents représentent 15 à 20% de la production des maraîchers. Des entreprises peuvent les acheter, mais quelques dizaines de kilos de légumes ne les intéressent pas…”

Le constat est partagé localement: sans structuration, pas de solution. Mais les maraîchers manquent de temps et de moyens pour lancer des initiatives. En 2014, Eléonore et Benjamin prennent les devants et se décident à tenter l’aventure entrepreneuriale. En couple. “Depuis qu’on se connaît, on s’était toujours dit qu’on monterait un jour un projet autour de la valorisation de la filière bio.” C’est parti pour Babelicot.

Pensée comme “un outil au service des maraîchers”, l’entreprise travaille durablement avec une douzaine de producteurs du Nord Finistère. S’adaptant avec souplesse aux arrivages, Eléonore, Benjamin et leur apprentie transforment les légumes, assistés par l’association d’insertion avec laquelle ils cohabitent. Soupes, tartinables, sauces, purées pour bébés: Babelicot commercialise aujourd’hui une trentaine de références.

Ses créateurs tenaient à “avoir un impact social et environnemental” sur leur territoire: pari réussi pour ces militants de l’anti-gaspi ! “Mais on est surtout des gourmands”, rappelle Éléonore. “On a fait le choix de cuisiner ces légumes, en leur apportant une touche originale et en leur donnant du goût.” À cette condition, l’innovation peut bien être mise en bocal…

A 360 Possibles, Eléonore Faucher participera à une table ronde dédiée à la lutte contre le gaspillage alimentaire, dans le cadre du parcours “La Bretagne s’engage”. Les entreprises Phenix et Les Paniers de la mer seront aussi représentées.