Interview Hélène Hijazi, co-fondatrice de l’agence Bonheur & Performance

Quand Hélène Hijazi présente son travail, c’est la passion qui parle, bien plus que la fonction. “Généraliste d’un sujet qui [lui] plaît beaucoup”, cette Brestoise a cofondé en 2018 l’agence Bonheur & Performance, qui promeut l’épanouissement en entreprise par des accompagnements collectifs. Avec Gaëtane Fitamant, elle participera à 360 Possibles pour partager une vision du bonheur inspirée par la Fabrique Spinoza.

Pourquoi viser le bonheur, plutôt que le bien-être ou la qualité de vie au travail ?

C’est un vrai parti pris de parler de “bonheur”. Le terme de “bien-être”, on le rattache plutôt à un état physique, corporel, et “qualité de vie au travail”, ça nous paraît très cognitif. Alors que le bonheur, c’est multifacettes. On a le bonheur hédonique, qui s’exprime dans les ressentis et les émotions, et le bonheur eudémonique, qui tient à la capacité à se réaliser pleinement. Nous, ce qui nous intéresse, c’est justement de travailler l’engagement de tête et l’engagement de cœur. Par exemple en soulevant la question de ce qui nous fait nous lever le matin.

Que répondez-vous aux critiques qui dénoncent la “tyrannie du bonheur” ou encore le “business du bonheur” ?

On les rejoint sur le fond ! Quand on se présente, on commence par dire ce que n’est pas le bonheur. Une table de ping-pong ou une séance de massages tous les lundis, c’est purement cosmétique et on n’y adhère pas. Notre démarche à nous repose sur 10 leviers d’action, comme les pratiques managériales, l’espace de travail… On explique toujours qu’on n’intervient pas comme des injecteuses de bonheur, mais qu’on donne aux collaborateurs la possibilité de s’exprimer sur les conditions de leur épanouissement au travail. Et pour que cela fonctionne, il faut une implication réelle et sincère du dirigeant, qui doit savoir qu’il s’engage dans une démarche longue, porteuse de changements structurels. Ce n’est donc pas une opération de com’. On s’assure aussi de l’implication de toute la ligne managériale intermédiaire.

Le vrai enjeu, c’est la performance ?

C’est moins la performance économique qu’une performance durable qui permet, sur le plan individuel, d’utiliser pleinement son potentiel et, sur le plan organisationnel, de développer son agilité et sa résilience. Jusqu’à présent, on a la chance de travailler avec des clients qui partagent nos convictions et qui comprennent bien que notre rôle n’est pas de leur faire gagner 10% de chiffre d’affaires.

Observez-vous des demandes récurrentes de la part des collaborateurs et collaboratrices, lorsqu’il est question de leur épanouissement ?

Les pratiques managériales sont systématiquement abordées. On a aussi la question de la circulation de l’information dans l’entreprise qui revient, et puis des demandes portant sur des règles de comportement basiques : se dire “bonjour”, “merci”, manifester de la gratitude. Les dirigeants sont souvent surpris de voir que les demandes sont très raisonnables. Laisser les collaborateurs parler rémunération, on pourrait se dire que c’est ouvrir la boîte de Pandore. Récemment encore, on en a eu la preuve contraire: le souhait exprimé, ça n’a pas été de gagner plus, mais d’avoir accès à une grille salariale claire, précisant les niveaux de rémunération en fonction de l’expérience…

À 360 Possibles, Hélène et Gaëtane animeront un atelier sur le thème de la marque employeur et une conférence sur le bonheur au travail.