Design et pragmatisme

12 juin

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Mon travail de designer prend sens depuis plus d’une dizaine d’années dans sa confrontation au terrain social, que l’on pense à la Maison des Petits au Centquatre, l’école Le Blé en herbe en Bretagne pour la commune de Trébédan, l’expérience des Maison sylvestres dans la Meuse…

Le pragmatisme est une philosophie qui privilégie l’expérience et l’action, c’est aussi une philosophie de l’invention et de la créativité.

Les designers, par leur capacité d’analyse des usages et des besoins, sont à la croisée de plusieurs disciplines. Ils développent un concept global à partir d’une approche personnelle et sensible, et sont, à ce titre, des interlocuteurs privilégiés pour faire évoluer les structures. Mais nul besoin de créer des projets surdimensionnés car c’est dans les interstices qu’ils sont à l’aise et qu’ils interviennent. En expérimentant à petite échelle dans des endroits propices, en sortant des rôles prédéterminés de chacun, ils fédèrent les énergies et construisent de nouveaux réseaux de relations en évolution. C’est en ce sens que la démarche du designer me semble pragmatiste : l’expérience, l’action y jouent un rôle essentiel. Et dans la mesure où l’expérimentation transforme l’expérimentateur, modifie et enrichit sa perception du monde, il est en mesure d’intervenir plus finement sur le réel, sans plaquer une doctrine préétablie et figée. Je m’efforce donc d’agir autrement pour penser différemment.

La vision pluraliste du pragmatisme s’oppose aux conceptions selon lesquelles le réel serait indépendant des descriptions que nous en donnons. Il n’y a donc pas une seule description vraie du réel : le pluralisme envisage une rationalité ouverte.
Je souhaite donc ici montrer la diversité des matérialisations à partir d’une même thématique, celle des espaces pour les enfants, autant du point de vue de l’architecture que de celui des objets pédagogiques spécifiques qui ont été développés.

L’individu n’est pas un atome séparé des autres : il se constitue dans le tissu social, il contribue à la véritable individualité et à sa transformation par son action en retour. Il s’agit donc d’inventer de nouvelles logiques pour résoudre en commun des problèmes collectifs.