Mark Harling ne sait toujours pas ce qu’il fera quand il sera grand mais il va bien, merci. Passionné de créativité et de complexité, ce touche-à-tout au rire communicatif a cofondé l’association Les Hackivateurs, qui promeut le corporate hacking, l’intrapreneuriat et l’intelligence collective. Il accompagne aussi la transformation des organisations, via son entreprise Yinsight, en misant sur le changement culturel. Pour 360 Possibles, il animera un atelier sur l’ikigai (prononcez i-ki-gaï).

Euh…l’iki-quoi ?

 L’ikigai, c’est une philosophie de vie japonaise et, comme la plupart des concepts qui nous viennent du Japon, il faut 250 ans pour la maîtriser ! Le point de départ, c’est qu’il existe une île japonaise – Okinawa – sur laquelle les gens vivent très longtemps, parce qu’ils se trouvent dans un écosystème particulier: leur nourriture est très saine, ils partagent un sens très fort de la communauté, l’exercice physique est pratiqué quel que soit l’âge et les habitants ont une raison d’être. Cette raison d’être, elle peut se résumer par “Je sais pourquoi je me lève le matin”. La trouver, c’est évidemment le travail d’une vie !

L’ikigai, sur internet, c’est surtout une sorte de rosace, faite de quatre cercles qui se croisent…

 Quatre cercles qu’on remplit et, au milieu, on trouverait son ikigai… Ça me paraît bien compliqué ! En tout cas, moi, je ne suis pas capable de faire cette démarche intellectuellement. Donc, pour l’atelier, je ferai en sorte que les participants évitent de trop réfléchir, en les faisant s‘appuyer pendant 90 minutes sur des méthodes créatives de recherche de solutions et sur une petite communauté de soutien. Mais je n’en dis pas plus !

Y’a-t-il nécessairement un rapport entre ikigai et travail ?

Pour moi, le lien est évident. J’ai du mal à séparer qui je suis de mon travail. Et, si je ne sais pas pour quoi je travaille, je ne peux pas être performant; j’ai besoin de sens. “Quels sont mes talents ? Comment je les utilise ?”, ce sont des questions qui m’habitent. Et, quand je parle de talents, ça ne veut pas dire enfiler son costume de super-héros pour aller sauver la planète. Dans l’ikigai, il y a une idée de contribution: être au service de… Je vous donne un exemple: il existe un Japonais dont l’ikigai est de se lever tous les matins à 3h pour aller au marché et y trouver le meilleur poisson pour les restaurants de sushis de sa ville.

Comme moi, vous avez dû déjà lire que l’ikigai serait “LA méthode pour trouver le métier de ses rêves”…

Là, je crois qu’on est complètement à côté de l’idée ! Il n’y a pas de garantie de résultats ! Je propose une démarche, que chacun confronte ensuite à sa réalité. “Qu’est-ce qui vous habite ? Qu’est-ce que qui vous rend heureux ? En quoi êtes-vous bons ?” Les réponses appartiennent à chacun et ce que chacun en fait dépend de sa situation. L’ikigai, c’est une direction plus qu’une destination.