À elles deux, elles cumulent plus de 40 000 abonné·e·s sur LinkedIn. Solenn Thomas et Colette Tostivint n’ont pourtant rien de dompteuses d’algorithmes. Leur visibilité numérique, elles sont convaincues de la devoir avant tout à leur naturel et à des profils intelligemment construits, en accord avec leurs valeurs. Le 14 juin, ces têtes pensantes et cœurs battants du mouvement Eklore inviteront le public de 360 Possibles à participer à un atelier sur l’identité numérique.
Une identité bien souvent affadie par des rubriques formatées, par le réflexe CV ou encore par les réticences à se dévoiler. “On est parties du constat que, sur un réseau social professionnel, il fallait apparemment parler de choses très classiques, explique Solenn. On s’est dit qu’il y avait là un espace à occuper, notamment pour réconcilier l’identité personnelle et l’identité professionnelle, et on s’est amusées à identifier des espaces de liberté dans cet outil aseptisé.”
Si la forme se laisse volontiers “habiller”, “amplifier”, encore faut-il être allé·e “creuser en soi”, comme le souligne Colette, rappelant qu’une identité numérique authentique repose sur une bonne connaissance de ses singularités. Et un inévitable travail sur les mots. “Au-delà de mes compétences, ce sont aussi mes talents et mes engagements que je fais ressortir, précise Solenn. C’est toute une réflexion à avoir sur son propre récit, pour révéler ses manières de fonctionner.”
Et si les mots interpellent, c’est plutôt bon signe. Là où Solenn met en avant son “expertise en biodiversité des talents”, sa complice se présente sur LinkedIn comme “imprésario d’entreprises à mission et d’artistes engagés”. “Parfois, des personnes me contactent pour me demander ce que ça veut dire ! ‘Imprésario’, c’est un mot un peu daté, mais ça correspond exactement à ce que je fais et à mon talent pour la communication, le réseau, les relations publiques.”
Se présenter au naturel, avec ses mots, ses expériences assumées et ses ressentis partagés dans des articles: voilà qui n’est pourtant pas sans risque. Les deux jeunes femmes font régulièrement les frais de commentaires négatifs et d’attaques personnelles, auxquels elles répondent systématiquement, “pour ne pas laisser les mauvaises herbes prendre le dessus”. “Et on a aussi vu se mettre en place une vraie solidarité numérique !”, rassure Colette.
“Ce qui est paradoxal, conclut Solenn, c’est que plus mon identité numérique est authentique et aboutie, plus je rencontre dans la vraie vie des gens avec qui je me sens bien…”