À l’heure de la Breizh Cop, impossible de passer à côté de la responsabilité sociétale des entreprises. Si certaines ont déjà une démarche RSE, plus ou moins consciente, beaucoup observent de loin ce “machin” qui suscite plus d’appréhension que de sympathie. Dans leur conférence, Lucas Le Provost et Anne-Laure Simon invitent les organisations à venir “mettre des mots” sur leurs peurs et à les replacer dans un processus de changement.

“La RSE est très liée à l’innovation, pose d’emblée Lucas Le Provost. Et l’innovation, c’est souvent anxiogène.” Notamment quand de nouveaux termes apparaissent. Car, pour le coordinateur RSE de Triballat Noyal, le première peur est d’ordre sémantique. Cékoiça, la RSE? Beurk, encore un sigle! “Ce nuage sémantique nourrit les imaginaires”, au point de rapidement laisser la place à une crainte récurrente: la RSE comme gloubi-boulga de normes, qui tuerait la liberté d’entreprendre.

“On perçoit la RSE comme une contrainte imposée par l’extérieur, analyse Lucas Le Provost, alors qu’elle naît du fait que le monde a évolué et que les entreprises doivent s’adapter.” En prendre conscience est assurément inconfortable. Cela revient à “enlever ses oeillères” et à regarder son entreprise avec un regard neuf. Et quand des risques et des incohérences jamais perçus auparavant sautent soudain aux yeux, la peur se manifeste encore une fois. Que faire, par exemple, en réalisant qu’une partie de sa production repose sur le travail des enfants d’un pays lointain?

Au plus profond de la démarche de RSE, c’est finalement l’identité même de l’entreprise qui est remise en question. Un peu comme si toute l’organisation se lançait dans un travail de développement personnel, plongeant “aux racines de son ego pour pouvoir se connecter à une cause plus large”. Et l’introspection, ce n’est pas de tout repos! “Ça revient à passer par différentes peurs mais, à la fin du processus, le collectif s’en sort grandi, relativise Lucas Le Provost. Et ça rend aussi les métiers plus intéressants.”

Conférence “Vers une RSE qui fait peur !”, jeudi 29 novembre, 16h-16h30