Son collaborateur insiste et lui rappelle que son mois de novembre est déjà particulièrement chargé. Mais quel mois ne l’est pas? Son rythme de travail, elle le connaît. Elle le pratique depuis vingt ans. Jamais de temps mort, toujours des équations impossibles: passer d’un rendez-vous ici à un rendez-vous là-bas, avoir constamment une longueur d’avance mais rester disponible pour tout le monde, au travail et à la maison. Heureusement qu’elle s’autorise parfois quelques déplacements sans enjeux, pour sortir du quotidien et de la stratégie. Elle en a besoin.

C’est d’ailleurs ce qu’elle avait répondu à une jeune femme qui l’interrogeait sur sa présence à 360 possibles, visiblement surprise de voir une précurseure de l’entreprise libérée venir à la pêche aux idées. Elle lui avait aussi confié que, ce qui l’animait le plus dans ce genre d’événements, c’était de pouvoir échanger avec des jeunes, comme elle. Leurs questionnements sur le monde du travail la touchaient et lui donnaient envie de partager son expérience. Suivez votre intuition. Trouvez du sens dans ce que vous faites.

Cette année, on lui demande de revenir et de donner une “conférence inspirante”. L’adjectif lui plaît. Elle le pense sans prétention: elle aimerait être un modèle pour les jeunes dirigeants d’entreprise. Particulièrement pour les femmes, d’ailleurs. Elle a toujours regretté de ne pas en avoir, de modèles féminins. À ses débuts, elle se retrouvait toujours entourée d’hommes, bien plus âgés qu’elle, qui attribuaient à son genre ses préoccupations sur le bien-être au travail. Une façon classique de ridiculiser ses idées innovantes.

Tout de même, elle se demande si ça ne fera pas trop ancienne combattante de partager ces anecdotes. Peut-être que le public attendra d’elle une conférence plus sérieuse. À moins que, justement, elle l’encourage à ne pas être trop sérieux…