Qu’ont en commun un patron allergique à la culture du chef, un intrapreneur et une lanceuse d’alerte? Tous les trois se sont affranchis des règles de leur environnement de travail, affirmant leur propre éthique. Pour le meilleur et pour le pire. Michel Hervé, Lomig Unger et Stéphanie Gibaud témoignent de leur désobéissance lors d’une table ronde.

 

Cette année, ils se sont déjà prêtés à l’exercice du portrait, pour une série d’articles publiés par la revue We Demain. Le projet a été mené en association avec l’entreprise nod-A, co-fondée par Marie Noéline Viguié, également animatrice de la table ronde. “On aimait beaucoup la série Humans of New York, qui réhumanise une ville finalement très lisse, très anonyme, et on a eu l’idée de faire un peu pareil pour valoriser les gens qui travaillent, les gens de tous les jours.”

Pour celle qui a déjà consacré un livre au corporate hacking, le thème de la première “saison” de portraits était tout trouvé. “Depuis notre enfance, on raisonne en opposant obéissance et rébellion, sans penser qu’il existe une troisième voie, explique Marie Noéline Viguié. Cette troisième voie, c’est l’affirmation de soi: en étant soi-même, en s’écoutant, en se respectant, on peut apporter sa brique à l’édifice et proposer un autre regard.”

Lomig Unger a par exemple contourné les règles de son entreprise, en lançant des initiatives sans autorisation; ces pas de côté ne lui ont valu que des retombées positives. Au sein du groupe Renault, il a pu totalement réinventer son métier et fonder deux tiers-lieux en moins de 5 ans. Pour Michel Hervé aussi, l’affirmation d’un modèle d’organisation singulier a été synonyme de reconnaissance, d’épanouissement, d’aventure collective.

Mais sortir du cadre peut parfois avoir des conséquences dramatiques. La présence de Stéphanie Gibaud le rappelle. En révélant des pratiques d’évasion fiscale, cette ancienne cadre d’UBS a tout perdu. Régulièrement saluée pour son courage, elle n’en reste pas moins extrêmement seule. “C’est important de lui laisser la tribune”, insiste Marie Noéline Viguié. Et de s’interroger collectivement: jusqu’où sommes-nous prêt·e·s à soutenir celles et ceux qui sortent du cadre?

 

Table ronde “Désobéir pour s’affirmer ou s’affirmer en désobéissant?”, jeudi 29 novembre, 11h30-12h30

 

(Crédit Photo : Boris Vorgeack)